Les vainqueurs de l’UEFA Europa League devraient-ils se qualifier automatiquement pour la Ligue des champions ?
Le débat sur la qualification automatique des vainqueurs de l’UEFA Europa League (UEL) pour la Ligue des champions de l’UEFA (UCL) a refait surface, ravivé par les récentes déclarations d’Arsène Wenger. L’ancien manager d’Arsenal affirme que l’accès à l’UCL aux champions de l’UEL, notamment ceux dont les performances nationales sont médiocres, porte atteinte à l’intégrité de la plus grande compétition interclubs européenne. Ce débat prend d’autant plus d’importance que Manchester United et Tottenham Hotspur, tous deux en queue de peloton de la Premier League , se préparent à disputer la finale de l’UEL 2025.
Contexte historique : Le changement de règle de 2014
En 2014, l’UEFA a introduit un changement majeur : le vainqueur de l’UEL obtiendrait une place en Ligue des champions la saison suivante. Cette mesure visait à rehausser le prestige de l’UEL et à offrir aux clubs une voie alternative vers la plus haute compétition européenne. Cette décision autorisait également les associations à inscrire jusqu’à cinq équipes en Ligue des champions, permettant ainsi aux clubs de se qualifier pour la Ligue des champions sans avoir obtenu leur qualification au classement national.
Analyse des performances : les vainqueurs de l’UEL à l’UCL
Pour évaluer le mérite de la qualification automatique à l’UCL pour les lauréats de l’UEL, il est essentiel d’examiner leurs performances ultérieures :
- Manchester United (vainqueur de l’UEL 2017) : Après avoir remporté l’UEL, United a entamé la saison 2017-2018 de l’UCL, se qualifiant pour les huitièmes de finale avant d’être éliminé par Séville.
- FC Séville : Le club espagnol a remporté l’UEL à plusieurs reprises, notamment en 2023. Après son triomphe de 2023, Séville a participé à la saison 2023-24 de l’UCL, bien que sa campagne se soit terminée en phase de groupes après n’avoir obtenu que deux nuls.
- Villarreal CF (vainqueurs de l’UEL 2021) : La victoire de Villarreal en UEL leur a permis d’accéder à l’UCL, où ils ont atteint de manière impressionnante les demi-finales lors de la saison 2021-22, démontrant le potentiel des vainqueurs de l’UEL à concourir au plus haut niveau.
Ces exemples illustrent que si certains vainqueurs de l’UEL ont fait des progrès significatifs en UCL, d’autres ont eu du mal à progresser au-delà des premières étapes.
Performances en championnat national vs succès européen
Un point de discorde crucial réside dans l’écart entre les performances en championnat national et les succès européens. Depuis le changement de nom de l’UEL en 2009-2010, aucune équipe classée en dessous de la 12e place de son championnat national n’a atteint la finale ni remporté le tournoi. Séville (12e de la Liga) a gagné en 2023, et Fulham (12e de la Premier League) a terminé deuxième en 2010.
Actuellement, Manchester United et Tottenham Hotspur occupent respectivement les 15e et 16e places de la Premier League. Leur potentielle victoire en Ligue des champions et leur qualification ultérieure en Ligue des champions soulèvent des questions quant à la pertinence de récompenser des clubs dont les performances nationales sont inférieures à la moyenne.
Conséquences financières
Obtenir une qualification pour l’UCL grâce à une victoire en UEL offre des avantages financiers substantiels. Selon les estimations, la participation à la phase de groupes de l’UCL peut générer plus de 100 millions de livres sterling, comprenant des prix, des droits de diffusion et des revenus commerciaux accrus.
Pour des clubs comme Manchester United, confrontés à des contraintes financières et à la nécessité de renforcer leurs effectifs, cette manne pourrait s’avérer cruciale. Des rapports indiquent que les stratégies de transfert de United, notamment la recherche de cibles prestigieuses, dépendent du coup de pouce financier apporté par la participation à l’UCL.
Arguments contre la qualification automatique
Les critiques, dont Wenger, soutiennent que la qualification automatique à l’UCL pour les vainqueurs de l’UEL :
- Cela compromet les compétitions nationales : cela dévalorise potentiellement les performances des championnats nationaux, où l’excellence constante sur une saison est traditionnellement récompensée par des places en UCL.
- Diluant la qualité de l’UCL : Admettre des équipes avec de mauvais résultats nationaux pourrait compromettre le niveau compétitif de l’UCL.
- Crée des inégalités : dans les ligues où plusieurs équipes sont déjà qualifiées pour l’UCL, accorder une place supplémentaire à un vainqueur de l’UEL pourrait être perçu comme excessif.
Arguments en faveur de la qualification automatique
Les partisans soutiennent que :
- Améliore le prestige de l’UEL : L’incitation à la qualification pour l’UCL élève le statut de l’UEL, encourageant les clubs à prendre la compétition au sérieux.
- Récompenses pour le succès européen : Triompher dans un tournoi continental mérite une reconnaissance et l’opportunité de concourir au plus haut niveau.
- Favorise l’équilibre compétitif : il offre aux clubs extérieurs à l’élite traditionnelle une voie vers l’UCL, favorisant la diversité et l’imprévisibilité dans les compétitions européennes.
Conclusion
La qualification automatique des vainqueurs de l’UEL pour l’UCL pose un dilemme complexe. Si elle incite les clubs à valoriser les compétitions européennes et peut rajeunir les équipes sous-performantes, elle soulève également des inquiétudes quant à l’intégrité et à la méritocratie de la participation à l’UCL.
Un compromis potentiel pourrait impliquer une qualification conditionnelle, obligeant les vainqueurs de l’UEL à satisfaire à certains critères de performance nationaux pour accéder à l’UCL. Alternativement, le maintien du système actuel permettrait de reconnaître les défis du succès européen et de récompenser les clubs en conséquence.
Alors que le football continue d’évoluer, l’UEFA doit trouver un équilibre entre tradition et innovation, en veillant à ce que ses compétitions restent compétitives, prestigieuses et reflètent les performances des clubs tant au niveau national qu’en Europe.